La couverture santé universelle et l’amélioration de la santé pour tous : une question multidimensionnelle et multisectorielle

Des millions de personnes de par le monde n’ont pas accès à des services de santé abordables et de haute qualité, ce qui aboutit à de piètres résultats sanitaires et des dépenses de soins de santé catastrophiques au niveau individuel qui exacerbent la pauvreté. La Couverture Santé Universelle (CSU) se réfère au concept que chacun peut avoir accès aux services et produits de santé dont il a besoin sans impact financier intolérable. La CSU peut devenir un mouvement mondial, comme le montre la formation du partenariat UHC2030 et l’inclusion de la CSU dans les Objectifs de Développement Durable.

Bien que la CSU soit un concept ambitieux, on peut mesurer la progression vers une telle cible. Les objectifs sont de diversifier les types de services disponibles, d’augmenter les populations couvertes (ex. la proportion de population ayant besoin d’un service qui y a accès) et de protéger du risque financier d’une manière qui promeut l’équité et optimise les débouchés sanitaires (Figure 1). La focalisation sur la fourniture de services de qualité et sur l’équité sous-tend la CSU. Les pays devront suivre diverses voies pour y parvenir à cause de différences dans leurs priorités sanitaires et leurs profils démographique, épistémologique, géographique et économique. Donc, les pays conçoivent des feuilles de route pour progresser vers la CSU répondant à chaque contexte.

Figure 1. Dimensions de la CSU

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Atteindre la CSU requiert des approches qui vont au-delà du secteur sanitaire ; les pays auront besoin d’approches multisectorielles qui améliorent l’infrastructure, l’éducation, l’agriculture, le bien‑être social et d’autres domaines qui ont des impacts directs ou indirects sur la santé. Au sein du secteur de santé, les pays auront besoin de renforcer tous les aspects du système de santé – y compris le personnel de santé, l’infrastructure, les systèmes d’informations, la gouvernance et la chaîne d’approvisionnement, le financement et la fourniture de services – pour répondre aux besoins de santé évolutifs de leur population.

Le financement de la santé est particulièrement pertinent pour la CSU si les pays doivent financer les soins de santé pour tous tout en protégeant les individus et les ménages de fardeau financier indu. Bien qu’il soit important de mobiliser des ressources supplémentaires pour la santé, les pays doivent aussi maximiser l’utilisation de financements existants et redistribuer les ressources pour permettre un interfinancement (les riches subventionnent les pauvres et les personnes en bonne santé subventionnent les malades). Il existe de multiples approches et mécanismes pour financer la santé qui peuvent faire progresser la CSU. L’assurance maladie est souvent associée à la CSU car elle peut aboutir à des ressources accrues pour la santé, l’interfinancement par le truchement de la mise en commun de fonds et l’achat efficace de services de santé. Toutefois, l’assurance maladie n’est pas la seule option et peut ne pas être approprié dans certains contextes nationaux. Par exemple, les pays ayant de larges populations vivant sous le seuil de pauvreté et travaillant dans le secteur informel peuvent être confrontés à des difficultés pour inscrire les gens dans les régimes d’assurance maladie et identifier ceux qui ont besoin de subventions pour payer l’assurance. Ces défis sont abordés dans une autre partie de ce site web.

Pourquoi est-ce important pour la planification familiale ?

Dans un pays qui a atteint la CSU, les femmes et leurs partenaires qui veulent utiliser la planification familiale devraient avoir accès à une gamme de méthodes de planification familiale offertes par divers prestataires. Toutefois, de nombreux pays ont encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre la CSU et la planification familiale peut ne pas être incluse par des parties prenantes clefs lors de la conception, du lancement et de la mise à l’échelle des plans de CSU. Donc, les champions doivent renforcer l’importance des liens entre la planification familiale et des réformes de CSU plus larges dans un pays et plaider pour que celle-ci soit incluse dans la conception et l’application de ces réformes. Trois dimensions de la CSU (Figure 1) offrent un cadre utile pour évaluer dans quelle mesure un pays inclut la planification familiale dans les projets de CSU :

  • Qui est couvert ? Certains segments d’une population, tels que les pauvres, les jeunes ou les groupes indigènes peuvent être confrontés à de plus grands obstacles que d’autres en matière d’accès aux services de planification familiale mais ils ne sont pas assez inclus dans les efforts pour élargir l’accès aux services. Par exemple, un projet d’assurance peut couvrir tous les coûts de services de planification familiale mais si certaines populations sont en grande partie non-assurées, elles n’en bénéficieront pas. De plus, les obstacles non-financiers à l’accès, tels que les normes socioculturelles qui limitent l’autonomie des femmes en matière de prise de décision sur la santé reproductive doivent être surmontés afin de réduire les iniquités d’accès et faire en sorte que plus de femmes et leurs partenaires reçoivent des services de planification familiale.

  • Quels services sont couverts ? De nombreux prestataires de planification familiale peuvent offrir un nombre limité de méthodes à cause d’un manque de fournitures, de fournisseurs mal formés et d’autres obstacles. Afin d’élargir les types de services de planification familiale disponibles à un prix abordable, le financement pour la CSU – y compris la budgétisation du gouvernement pour la santé, les paniers de soins, le financement basé sur la performance et la contractualisation des prestataires privés – doit inclure divers services et méthodes de planification familiale.
     

  • Quelle proportion des coûts est couverte ? De nombreux pays fournissent des produits de planification familiale gratuits dans des centres publics, ce qui peut promouvoir l’adoption de services de planification familiale. Toutefois, certaines femmes peuvent ne pas être en mesure de payer les coûts associés à l’accès aux services de planification, tels que le transport ou les frais pour consulter un prestataire. Des initiatives telles que des programmes de bons pourraient aider à subventionner ces coûts. Des réformes de la CSU devraient aussi tenir compte des personnes qui ont la capacité et la volonté de payer des services de planification familiale, ce qui permettra de consacrer les ressources financières limitées vers ceux qui en ont le plus besoin.

Exemples de Prise en Considération de la Planification Familiale dans les projets de CSU

Le Ghana a lancé un régime national d’assurance maladie (NHIS) en 2003. C’est l’un des plus ambitieux régimes ciblant la CSU en Afrique. Alors que le NHIS a abouti à une inscription rapide de participants au régime d’assurance et une utilisation accrue de soins prénatals et d’accouchement, il ne couvre que 40 pour cent de la population et s’adresse aux populations les plus aisées par le biais de primes à taux fixe. Donc, la pérennisation financière de ce régime continue à poser des problèmes. De plus, le NHIS ne couvre pas les méthodes de planification familiale dans sa série de services ce qui signifie que les femmes assurées et leurs partenaires doivent payer de leur poche l’accès aux services de planification familiale. Toutefois, les leçons tirées de la conception et l’application du NHIS peuvent être appliquées à d’autres pays qui envisagent diverses options pour atteindre la CSU. Une des leçons est le besoin d’un engagement précoce et d’un plaidoyer concerté par les parties prenantes de la planification familiale auprès du ministère de la santé, du parlement, des autorités supervisant les services de santé et d’autres entités pour assurer l’inclusion de la planification familiale dans la conception des plans de CSU.

 

Au contraire, l’Indonésie a inclus la planification familiale dans le panier de soins de son régime national d’assurance maladie, Jaminan Kesehatan Nasional (JKN), depuis son lancement en 2014. Les conseils, les méthodes en planification familiale et la gestion des effets secondaires figurent tous parmi les services couverts. Pourtant il reste certains défis car de nombreuses femmes, y compris des femmes pauvres, ne sont pas couvertes par le JKN et peuvent devoir payer de leur poche des services de planification familiale. Parmi les 13,5 millions d’utilisateurs de la planification familiale dans le quintile le plus bas, moins de 60 pour cent sont couverts par le JKN. Le gouvernement travaille avec des partenaires pour relever ces défis et augmenter l’échelle de la couverture.

Ressources

UHC in Africa: a framework for action
This framework assesses current progress toward UHC in Africa and proposes a set of actions for countries and stakeholders involved in the UHC process.
Demystifying Universal Health Coverage
This toolkit includes a slide deck on UHC, an annotated bibliography of core UHC publications, and a frequently asked questions page.
Tracking Universal Health Coverage
This report looks at how many people globally lack access to essential health services and how many are pushed into poverty by spending too much of their household budgets on healthcare.
An online network of practitioners and policymakers who co-develop products and share experiences that help bridge the gap between theory and practice for universal health coverage.

The following website is the theme resource page on family planning and universal health coverage. It is a curation of resources, evidence,...

Going Universal
Septembre 2015
This book documents and analyzes the experiences of 26 universal health coverage (UHC) programs in 24 countries, which includes analysis of different types of health insurance schemes.
Avril 2020
This framework examines the integration of family planning in the legal, regulatory, and policy aspects of health financing arrangements aimed at achieving universal health coverage.